Les moyens de communication et d'accès aux secours en mer

Devoir abandonner le navire ou demander des secours d’urgence, c’est le cauchemar de tous les plaisanciers qui effectuent des traversées. C’est le moment où on devient dépendant des autres pour sa sauvegarde et son salut.

Quels sont les moyens d’alerte qui existent sur le marché ?

Publié le
June 13, 2025

Appeler à l’aide ou avoir besoin de secours, personne ne le souhaite. Pourtant, ce genre de situation peut survenir sans prévenir.

Démâtage dans le gros temps, collision avec un OFNI, blessure grave, départ de feu… Autant de scénarios dans lesquels le risque est bien réel. Heureusement, pour alerter et demander de l’aide, il existe aujourd’hui une large gamme d’équipements adaptés.

Faisons le point pour y voir plus clair !

1.VHF

La célèbre VHF propage ses ondes en ligne droite. Ceci explique sa portée assez réduite. Une VHF portable n’émettra pas au-delà de 5 ou 6 NM.

Celles équipées d’une antenne en tête de mât offrent une portée bien supérieure, pouvant atteindre jusqu’à 25 milles nautiques.
La hauteur de l’antenne joue un rôle essentiel dans la portée du signal, tout comme le type de VHF utilisé. Les modèles portables, fonctionnant sur batterie, délivrent une puissance limitée à 5 ou 6 watts. À l’inverse, les VHF fixes, alimentées par le circuit électrique du bateau, peuvent émettre jusqu’à 25 watts.

La VHF portable est donc principalement réservée aux communications à courte distance, comme les manœuvres portuaires, ou en cas d’urgence, glissée dans un grab bag. Elle ne remplace en aucun cas une VHF fixe pour les communications à longue portée.

L’ASN (Appel Sélectif Numérique)

L’ASN, ou Appel Sélectif Numérique, permet de communiquer via la VHF de manière ciblée avec un destinataire précis.

En cas de détresse, l’envoi d’un message ASN déclenche automatiquement l’alerte auprès d’un centre de secours côtier. Ce message contient la nature de l’incident ainsi que l’identification du navire grâce à son numéro MMSI (identifiant unique).
Généralement, l’émission de ce signal se fait en maintenant enfoncé le bouton “Distress” de la VHF.

Une fois le signal envoyé, il est impératif de basculer sur le canal 16 pour poursuivre la communication avec les secours. L’ASN permet également de contacter directement une autre VHF à portée, à condition de connaître son numéro MMSI.

Les réseaux de téléphonie : GSM et satellite

Contrairement aux balises de détresse, les réseaux de téléphonie – qu’ils soient terrestres ou satellitaires – ne font pas partie d’un système de sauvetage structuré. Ils permettent de communiquer, mais ne déclenchent pas automatiquement de chaîne de secours.

2.1 – Le GSM

Les téléphones portables (2G, 3G, 4G, 5G) s’appuient sur un réseau d’antennes terrestres, qui relaient les signaux émis et reçus. La portée de ces téléphones est généralement limitée à environ 5 milles nautiques, et peut atteindre 15 NM dans les meilleures conditions, en utilisant une antenne directionnelle ou un amplificateur GSM.

La portée réelle dépend de plusieurs facteurs : hygrométrie de l’air, conditions météo et surtout hauteur de l’appareil au-dessus de l’eau.

Pour toutes ces raisons, le GSM ne constitue pas un moyen fiable pour déclencher des secours en mer.

À noter : certains iPhones récents sont désormais équipés d’une connectivité Starlink (encore en version bêta), ce qui pourrait élargir les possibilités de communication à l’avenir.

2.2 – La téléphonie satellitaire

Des réseaux comme Iridium, Globalstar ou Starlink utilisent des constellations de satellites pour permettre la communication depuis presque n’importe où dans le monde.
“Presque” car certaines zones d’ombre subsistent selon les réseaux et leur couverture.

La particularité de ces systèmes est qu’ils ne dépendent d’aucune antenne terrestre : la communication se fait directement entre l’appareil et les satellites, de manière autonome.

La téléphonie satellitaire permet donc d’appeler ou d’envoyer un message à un centre de secours, même en haute mer, à condition d’utiliser un appareil compatible

Les centres de secours en mer, appelés MRCC (Maritime Rescue Coordination Centre) ou JRCC (Joint Rescue Coordination Centre), sont répartis dans le monde entier pour coordonner les opérations de recherche et de sauvetage maritime. 

2.2.1 Iridium 

Le réseau satellitaire Iridium procure une couverture mondiale. Pour y accéder, il faut disposer d’un appareil dédié, ou d’un modem, ou encore d’un accessoire à monter sur un smartphone.

Ces appareils nécessitent un abonnement voix et/ou données, assez onéreux. Ils possèdent l’avantage de tenir dans une poche car d’un form factor similaire à un smartphone, ils ne nécessitent pas d'antenne externe.

2.2.2 Globalstar, Thuraya, Inmarsat

Ces autres réseaux, aux caractéristiques similaires à Iridium mais à la zone de couverture plus restreinte, fonctionnent aussi avec des appareils portables dédiés. Ils nécessitent l’achat d’un abonnement ou de packages de données.

Globalement, les appareils de téléphonie satellitaire Iridium, Globalstar, Thuraya ou Inmarsat sont des appareils robustes, disponibles sous la forme d’un smartphone, et fonctionnant sans antenne extérieure et sur leur propre batterie. On peut les glisser dans un grab bag. 

Récemment, et de manière limitée à certaines zones, certains Iphones sont capables d’envoyer un message Globalstar, sans matériel complémentaire. Apple a pris 20% du capital de l’opérateur satellitaire. Peut-etre est-ce le futur de la communication satellitaire de la pomme ?

Globalstar, Thuraya, Inmarsat ne sont pas des réseaux à haut débit. 

2.2.3 Starlink

Le nouveau venu dans la téléphonie satellitaire est basé sur une constellation de satellites à orbite basse, des machines de petite taille à faible coût unitaire.

Les systèmes Starlink nécessitent une antenne extérieure mais possèdent des débits montants et descendants très élevés, compatibles avec la vidéo. Starlink est un modem, fixe, qui nécessite une alimentation électrique et l'installation extérieure d'une antenne. Ce n’est pas un dispositif portable.

Starlink et Apple et l’ouverture des smartphones vers la téléphone satellitaire

Apple et Starlink ont annoncé le lancement d’une fonctionnalité permettant à ces appareils d’utiliser Starlink en cas d’urgence. Il faut alors utiliser un logiciel Apple qui permet le pointage de l’appareil vers un satellite.

Actuellement la fonction est en test aux USA chez T-Mobile et permet l’envoi de SMS uniquement.

Il y a fort à parier que la prochaine génération d’appareils sera compatible avec ce réseau.

Les balises

Les balises sont des moyens d’alerte et non pas des moyens de communication, comme ceux précédemment évoqués. Une balise ne s'utilise qu’en cas d’urgence.

3.1 Les balises COSPAS SARSAT 

Le réseau Cospas-Sarsat est un système mondial d’alerte et de localisation de signaux de détresse.

En mer, ces signaux sont émis par des balises (EPIRB, attachées administrativement au bateau, ou PLB, personnelles) qui émettent sur la fréquence 406 MHz. Ce réseau repose sur des satellites tiers qui captent les signaux et les transmettent à des stations terrestres. Les données sont ensuite relayées aux centres de contrôle, qui alertent les services de secours compétents pour organiser les opérations de recherche et sauvetage. 

Leur précision est de l’ordre de 1 mille. Les modèles récents sont aussi équipés GPS qui ramènent leur précision à la centaine de mètres.

La transmission de position est instantanée et son actualisation permanente.

Le routage des signaux de détresse vers les centres de secours compétents est assuré par le système. Ce routage fait la valeur de ce système comparé aux outils de télécommunication évoqués plus haut.

3.1.1 Les EPIRB

En France, la division 240 impose l’obligation de posséder une EPIRB (Emergency Position Indicating Radio Beacon), en français Radiobalise de Localisation des Sinistres, à bord pour toute navigation hauturière.

La navigation hauturière est définie administrativement par la navigation au-delà de 60 milles nautiques d’un abri.

La balise doit être codée avec le numéro MMSI du navire et enregistrée auprès de l’ANFR (Agence Nationale des Fréquences).

Ces radiobalises sont codées avec les informations relatives au bateau. Leur déclenchement les transmet ainsi que la position du bateau, directement auprès d’un centre de secours (MRCC), via le système mondial de secours (SMDSM) partout dans le monde.

Les EPIRB sont dotées d’une batterie et d’une antenne et font partie de l’armement d’un bateau. En cas d’utilisation, ils sont portables et destinés à être embarqués dans le radeau.

Une Epirb3 Pro de Ocean Signal, compacte, AIS, service de retour de signal, lampe stroboscopique.

3.1.2 Les PLB

Ces autres radiobalises sont aussi reconnues par le SMDSM mais celles-ci sont personnelles, d'où leur nom (Personal Locator Beacon, PLB).

On peut utiliser un PLB, comme la PLB1 de Ocean Signal, en mer mais aussi en montagne, en forêt... La possession d’un PLB en mer n’exonère pas de celle d’un EPIRB.

Mais pourquoi un PLB ne fait pas office d’EPIRB ?

Ces balises personnelles sont moins puissantes et dotées d’antennes plus courtes qui permettent de transmettre en message en mer mais de manière moins sûre qu’un EPIRB.

Leur autonomie est généralement plus courte (en émission) que celle d’un EPIRB qui dépasse les 48 h. Les PLB ne satisfont pas à la Division 240.

3.1.3 Les balises AIS

Ces appareils, comme l’Easy Rescue AIS de Weatherdock, émettent un signal destiné aux récepteurs AIS des navires présents sur la zone. Leur efficacité repose sur deux facteurs.

La portée, car, au niveau du pont d’un bateau ou d’un radeau, on ne peut pas compter sur plus de 5 NM, et la fréquentation de la zone de navigation. En plein Pacifique, peu de chance de toucher quelqu’un. En Manche, les récepteurs proches ne manqueront sans doute pas.

Les balises AIS sont parfois intégrées dans un EPIRB ou un PLB a qui elles apportent un excellent complément. En effet, l’alerte est donnée au MRCC via satellite et l’AIS permet le guidage des navires voisins vers les naufragés.

C’est notamment le cas du PLB Ocean Signal PLB3, un appareil capable d’indiquer si le signal de détresse a été reçu ou non !

3.1.4 Les balises GPS 

La balise DIAL de la SNSM

Devant l’augmentation du nombre de noyades sur la bande côtière. la SNSM a conçu une balise individuelle GSM coupée à un récepteur satellite.

Ces balises individuelles, un bracelet, permettent d’avertir un proche qui contactera, de son côté, les secours.

Ces balises fonctionnent sur le réseau GSM, avec la limitation de portée que cela implique (56-6 NM). Pas de réseau, pas de signal.

Ces appareils ne sont pas des balises répondant à la Division 240.

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